À Rabat, le Secrétaire général de la Rabita Mohammadia des Oulémas, Ahmed Abbadi, a appelé, ce samedi, à l’élaboration d’une nouvelle approche visant à faciliter l’apprentissage, l’enseignement et l’application des sciences islamiques, afin de les adapter aux mutations cognitives rapides et de mieux les inscrire dans la réalité contemporaine.
Lors de l’ouverture des travaux du 35ᵉ Conseil académique de la Rabita, M. Abbadi a souligné que cette approche collective et scientifique constitue une voie essentielle pour activer la fonction pratique des sciences islamiques, dans un contexte mondial marqué par une instabilité croissante des valeurs et des savoirs.
Il a précisé que la réussite de ce modèle cognitif repose sur la sagesse, la sincérité, une méthodologie scientifique claire, ainsi qu’un travail progressif permettant de consolider les compétences intellectuelles des chercheurs et des institutions concernées.
M. Abbadi a fait remarquer que le monde vit aujourd’hui une perte de repères éthiques et cognitifs, et que l’humanité a besoin d’un modèle de guidance capable de rétablir l’équilibre du système des valeurs et des concepts. Il a affirmé que les sciences islamiques, par leur profondeur fondatrice, sont à même de rétablir la balance du vrai et de corriger les dérives intellectuelles actuelles.
Abordant les défis posés par les mutations technologiques rapides, notamment l’intelligence artificielle, M. Abbadi a souligné que, malgré ses immenses potentialités pour le développement du savoir et l’amélioration de la vie, elle risque d’entraîner une atrophie des facultés de réflexion humaine. Il a ainsi appelé à préserver l’identité intellectuelle et sociétale à travers la consolidation de l’identité marocaine enracinée et de la boussole éthique qui oriente la connaissance vers une finalité juste.
Il a rappelé que le modèle de guidance sur lequel se fondent les sciences islamiques repose sur l’articulation entre deux lectures :
- la lecture du Livre visible, c’est-à-dire l’univers et les lois qui le régissent et qui permettent à l’homme de progresser et de découvrir ;
- et la lecture du Livre révélé, c’est-à-dire le texte coranique qui confère au savoir sa finalité morale et spirituelle.
Il a affirmé que la séparation entre ces deux lectures prive la science de sa direction, la réduisant à une énergie matérielle dépourvue de visée humaine. Le Coran, a-t-il insisté, est la lumière et la méthode qui unissent la science et l’action, et rendent à l’homme sa raison et sa boussole dans un monde en constante mutation.
En conclusion, M. Abbadi a estimé que la science véritable est celle qui associe le progrès matériel à la finalité spirituelle, appelant à faire des « mallettes scientifiques » développées au sein de la Rabita un outil concret pour relier la connaissance à la foi, la pensée à l’action, afin de bâtir un être humain éclairé et une société équilibrée.
La réunion a également été marquée par plusieurs présentations portant notamment sur :
- le projet de « Mallette intégrée pour faciliter la pratique des sciences islamiques »,
- le programme « Iqtidar » destiné au renforcement des capacités des enfants et des jeunes,
- le « Guide scientifique et pratique sur l’intelligence artificielle »,
- et la « Encyclopédie des approches des sciences islamiques », ainsi que sur d’autres projets et programmes de la Rabita.
La tenue du 35ᵉ Conseil académique de la Rabita Mohammadia des Oulémas s’inscrit dans le cadre des dispositions du dahir chérifien fondateur et organisateur de cette institution.

