Le président du Conseil de la Concurrence, Ahmed Rahhou, a affirmé, ce mercredi à Marrakech, que les plateformes numériques représentent un levier majeur de développement et de création d’emplois, tout en posant de grands défis en matière d’équité, de concurrence et de durabilité.
S’exprimant lors de la séance d’ouverture du colloque international organisé par le Conseil autour du thème « Les plateformes numériques : évolution des métiers et défis concurrentiels », M. Rahhou a souligné que ces plateformes ont contribué à la création de nouveaux emplois dans des secteurs tels que le transport et la livraison, tout en constituant une opportunité pour les pays en développement de faire émerger des acteurs nationaux, régionaux voire mondiaux.
Cependant, il a noté que ces plateformes peuvent parfois devenir concurrentes directes des prestataires de services traditionnels, et s’accaparer une part importante de la richesse créée, soulevant ainsi des questions relatives à la répartition équitable de la valeur et à la durabilité des modèles économiques.
Le président du Conseil a relevé que les législations actuelles ne prennent pas encore en compte ces nouveaux modèles économiques, rendant difficile l’application des mécanismes classiques de la régulation concurrentielle, tels que les tests de marché basés sur les prix ou l’analyse des positions dominantes, notamment dans les modèles fondés sur la gratuité apparente.
Dans ce contexte, M. Rahhou a expliqué que le Conseil adopte une approche d’équilibre entre innovation et régulation, visant à éviter une intervention excessive qui pourrait freiner l’initiative ou figer le marché, tout en agissant de manière proactive pour prévenir les situations d’abus ou d’irréversibilité.
Il a ajouté que la mission du Conseil est d’agir de façon anticipative, afin d’empêcher les pratiques anticoncurrentielles sans pour autant étouffer la liberté d’entreprendre, mettant en garde contre le risque que les grands acteurs internationaux ne viennent supplanter les initiatives locales.
M. Rahhou a également appelé à veiller à ce que ces nouveaux modèles n’entraînent pas un retour à la précarité sociale, soulignant la nécessité d’un accompagnement équilibré, qui tienne compte à la fois de la sécurité, de la protection des données personnelles et du développement économique.
En conclusion, il a insisté sur l’importance d’une réflexion collective et ouverte réunissant les autorités de régulation, les décideurs publics et les chercheurs, afin de construire une vision partagée pour encadrer cette transformation numérique rapide.
Ce colloque connaît la participation de représentants d’organismes de gouvernance, d’institutions nationales et internationales, ainsi que d’experts en économie numérique et en société civile. Il aborde plusieurs thématiques, notamment : « Les plateformes de vente : nouveaux concurrents ou intermédiaires incontournables ? », « Les défis et impacts sociaux des plateformes numériques » et « Le commerce électronique et les moyens de paiement cybernétiques ».

