La question du droit de suite a été au cœur des débats réunissant des artistes et des professionnels du Maroc et d’Afrique, lors d’un colloque régional organisé ce mardi à Rabat sous l’égide de l’Organisation mondiale de la propriété intellectuelle (OMPI) et du Bureau marocain du droit d’auteur et des droits voisins.
Le colloque visait à mettre en lumière l’importance du droit de suite pour les artistes plasticiens africains, ainsi qu’à examiner les difficultés liées à sa mise en œuvre. Ce droit permet à l’artiste ou à ses ayants droit de percevoir un pourcentage sur le prix de toute revente de ses œuvres, via des intermédiaires ou des acheteurs sur le marché de l’art, après la première vente.
Lors de son intervention, Mohamed Mehdi Bensaid, ministre de la Jeunesse, de la Culture et de la Communication, a souligné que le droit de suite constitue un cadre légal garantissant aux artistes une part équitable du prix de vente de leurs œuvres. Il a également présenté l’expérience marocaine dans ce domaine, mettant en avant les efforts déployés pour instaurer un cadre juridique transparent protégeant les créateurs, et appelé à renforcer la coopération entre les pays africains afin de généraliser cette pratique et protéger les artistes à l’échelle du continent.
De son côté, Sylvie Forbin, directrice générale adjointe chargée du droit d’auteur et des industries créatives à l’OMPI, a indiqué que seul un tiers des pays exerce effectivement le droit de suite, et que la plupart des pays africains ne disposent pas encore des moyens nécessaires pour le mettre en œuvre. Elle a affirmé que l’adoption de ce droit est devenue une nécessité dans l’ère numérique, où le marché de l’art perd beaucoup de sa valeur matérielle, permettant ainsi aux artistes de maintenir un lien avec leurs œuvres.
Mme Forbin a également salué les initiatives pionnières du Maroc, facilitées par le Bureau marocain du droit d’auteur depuis la pandémie de COVID-19, soulignant l’importance de l’expérience marocaine comme modèle pour la protection des droits d’auteur et la promotion de la créativité.
Les travaux du colloque, qui se poursuivent jusqu’au 16 octobre, portent sur le marché de l’art en Afrique et les mécanismes d’application du droit de suite. Il est prévu que cette série de tables rondes et d’ateliers aboutisse à l’élaboration d’une feuille de route pour la mise en œuvre effective de ce droit, assurant ainsi que les artistes en tirent pleinement bénéfice.